Les actus de la cité

Un manteau pour la collection "Aubusson tisse la mode"

17.10.2018

La tapisserie est un "tissu" utilisé de tout temps pour habiller les corps avant même les murs... Inspirer les créateurs de mode pour créer une collection de vêtement et accessoires de mode, tels étaient les objectifs de l’appel à projet de la Cité de la tapisserie « Aubusson tisse la mode » lancé en 2015, et qui avait récompensé 6 créateurs. Une nouvelle pièce de cette collection "mode" vient d'être révélée en présence de sa créatrice Capucine Bonneterre.

Nécessitant un travail important de recherche et d'adaptation à travers les échanges entre les artistes et les lissiers, les tissages des six pièces lauréates se succèdent. Les deux premières pièces lauréates, le Blouson Teddy de Christine Phung et Libramen Forma de Prisca Vilsbol et Dagmar Kestner sont tombées du métier au printemps 2018. Le 15 octobre dernier ce fut le tour du manteau japonisant de Capucine Bonneterre, réalisé par la jeune lissière Aiko Konomi de l'Atelier A2.

Pour créer cet élégant manteau, Capucine Bonneterre s'est appuyée sur le principe d'une pièce tissée d'un seul tenant, entièrement pensée en tapisserie. Elle a également souhaité mettre en avant l'analogie entre les "relais" – interruptions du tissage qui permettent les changements de couleurs – et le principe de la boutonnière. Assemblé sans coutures de finitions, par un système de pliage puis maintenu en place par le laçage et le tressage du réseau de boutonnières, le manteau, réversible, peut être porté d'une multitude de façons et donne à voir la matérialité de la tapisserie en présentant certaines parties de son envers foisonnant.

Pour sa réalisation, c'est une véritable collaboration qui s'est mise en place entre l'Atelier A2 et l'artiste, pour expérimenter pas à pas une réalisation sur mesure : tout d'abord l'emploi d'une chaîne de laine afin de préserver la souplesse du vêtement, mais également pour l'agencement en motifs des couleurs de laine et de soie obtenues en teinture naturelle. Jeux de battages et de lumières, entre soies brillantes et laines mates, cette pièce délicate est résolument "tapisserie", entièrement pensée pour éviter l'intervention d'un autre façonnier. Après avoir libéré la tapisserie du métier à tisser, les lissières et la créatrice s'attèlent aux finitions et à l'assemblage du vêtement : rentrer, sur les bordures, chaque fil de chaîne dans la trame, puis assembler les centaines de boutonnières, grâce au système de liens et de ceintures tissés.